Un registre permettant d’évaluer la télésurveillance des plaies chroniques a été évoqué en fin 2022 (voir ici), et mis en place en 2023.
Cette télésurveillance a bien entendu été réalise via la plateforme Pixacare.
Nous en évaluons ici les résultats préliminaires.
Le registre EPIT-PLAIE.
Les patients pris en charge pour une plaie chronique, sans suivi préalable dans le service, ont été inclus dans le registre prospectif EPIT-PLAIE. Ils furent 104 patients inclus de janvier à juin 2023.
Ce registre évalue les conséquences de la télésurveillance des plaies en terme de sécurité de la prise en charge et de bénéfice sur le recours à la consultation.
Nous avons fixé, au vu des pratiques du service, un suivi maximum de 6 mois.
Les données définitives seront disponibles en janvier, et leur exploitation ira au delà des données précisées ici. Notamment, elle inclura une étude médico-économique précisant le gain financier attendu sur la télésurveillance des plaies chroniques.
Une extraction des données à mi-parcours a été réalisée afin de préparer les études à venir pour 2024. IL concernait 69 patients, avec une répartition proche dans les deux groupes (36 en télésurveillance, 33 en suivi conventionnel)
La télésurveillance est elle sûre ?
Critères étudiés.
Nous avons choisi cinq critères de sûreté:
- La mortalité durant le suivi;
- La survenue d’une amputation majeure;
- La rupture du suivi (perdus de vue);
- La nécessité d’une prise en charge aux urgences ou en hospitalisation;
- Et enfin, un critère positif: la cicatrisation de la plaie.
L’extraction des données étant assez complexe sur ce critère, les prises en charge aux urgences n’ont pas été prise en compte lors de cette étude préliminaire.
De même, du fait d’effectifs pour l’instant limités, nous n’avons pas réalisé d’analyse statistique sur les différences observées.
Résultats.
Il existe une sur-mortalité dans le groupe télésurveillance mais les décès constatés n’ont pas de lien direct avec la plaie.
Il y moins de perdus de vue dans le groupe télésurveillance (7 vs 22%), de manière assez surprenante – le résultat inverse étant attendu.
Le recours à l’amputation majeure est proche sinon identique.
Et enfin, le taux de fermeture de la plaie dans les 6 premiers mois est équivalent (54 vs 44% dans la télésurveillance vs suivi conventionnel).
Donc, la télésurveillance semble sûre, avec des résultats qui doivent bien entendus être validés statistiquement à la fin de l’étude.
La télésurveillance est elle utile ?
Critères étudiés.
Ils consistent en:
- Mesure du taux et du délai de cicatrisation;
- Réduction du recours aux consultations hospitalières;
- Réduction du recours à l’hospitalisation;
- Réduction du recours à des gestes non programmés;
- et enfin, leur évaluation médico-économique.
Résultats.
Seul les recours aux consultations et aux hospitalisations ont été évalués dans cette analyse préliminaire. De même que supra, nous n’avons pas réalisé d’analyse statistique.
On retiendra que l’ensemble des recours (hospitalisation et consultation) ont été réduits de 36 %, et que les consultations ont été réduites de 50 %.
Qu’en conclure ?
Le jugement définitif sera disponible en février 2024, lorsque l’extraction des données définitives et son analyse statistique aura été réalisée.
Toutefois, il semble que la télésurveillance soit sûre, et occasionne d’importantes économies en limitant le recours aux soins hospitaliers.
Perspectives …
Une évaluation des économies …
Pour envisager une prise en charge financière de la télésurveillance des plaies chroniques ?
De nouvelles études …
Afin d’évaluer le bénéfice d’une télésurveillance plus organisée, avec rédaction d’un projet de soin personnalisé, autour de protocoles thérapeutique clairs ?
Afin d’évaluer l’apport des méthodes d’intelligence artificielle dans la surveillance, notamment d’alertes automatisées ?